Avenir du diesel : Combien de temps durera-t-il encore ?

Depuis 2023, la norme Euro 7 s’annonce plus stricte, mais son application reste repoussée à plusieurs reprises. La France prévoit la fin de la vente des véhicules thermiques neufs en 2035, tout en laissant circuler les modèles diesel déjà en circulation.Certains professionnels du secteur automobile notent que la valeur des voitures diesel d’occasion se maintient mieux que prévu, en dépit de l’essor des motorisations électriques et hybrides. Les choix des automobilistes oscillent entre incertitudes réglementaires, prix du carburant et évolution des zones à faibles émissions.
Plan de l'article
Le diesel en 2025 : où en est-on vraiment ?
En ce début 2025, la France compte toujours près de 13 millions de voitures diesel sur ses routes. Ce contraste se passe de commentaire : alors que cette motorisation a perdu du terrain sur le marché du neuf, le diesel représentant moins de 10 % des ventes, il continue de dominer la réalité, notamment hors des grandes villes. La France rurale et les petites agglomérations prolongent ce règne par nécessité bien plus que par choix, faute de solutions alternatives à prix accessible. Difficile d’imaginer il y a dix ans que la part du diesel tomberait à 8,5 % des immatriculations neuves en 2024.
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Sur autoroute ou sur de longues distances, le diesel garde des arguments : faible appétit, grand rayon d’action, coûts mieux maîtrisés. Mais la pression réglementaire s’accentue. Les zones à faibles émissions (ZFE), déjà généralisées dans les plus grandes villes, excluent progressivement les véhicules les plus anciens classés Crit’Air 4 ou 5. Vivre ou travailler en agglomération impose désormais de repenser sa mobilité ou de se séparer de son diesel vieillissant.
Chez les constructeurs, le constat est sans appel. Les investissements autour du diesel ont été abandonnés pour l’Europe, et sa commercialisation fait pâle figure face à la progression de l’hybride ou de l’électrique. Même les entreprises, longtemps conquises par la sobriété des diesels, délaissent cet avantage au profit de nouvelles technologies, aiguillonnées par les réglementations et la pression sur le coût global d’utilisation.
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Pour l’occasion, les modèles diesel récents tiennent encore la barre pour certains profils d’acheteurs : forts rouleurs, habitants des zones peu concernées par les restrictions. Reste une tendance claire : la courbe s’incline petit à petit, portée par une évolution réglementaire à marche forcée.
Restrictions, normes et zones à faibles émissions : ce que dit la loi
La législation resserre l’étau autour des véhicules diesel. Plus de 40 grandes villes françaises doivent mettre en place leur zone à faibles émissions (ZFE) d’ici 2025. L’accès y est conditionné par la fameuse vignette Crit’Air, qui classe les véhicules selon leur niveau d’émissions et leur norme Euro. Les Crit’Air 4 et 5, en grande majorité diesel, se voient fermement barrer la route des centres-villes concernés.
Chaque agglomération suit une trajectoire dictée par la loi Climat et Résilience. Paris, Lyon, Marseille ou Grenoble appliquent déjà des restrictions redoutables en semaine ; d’autres municipalités préparent des interdictions similaires. Le message est direct : faire disparaître les véhicules jugés trop polluants des zones où vivent le plus de monde.
Côté fiscalité, le malus écologique est de moins en moins tolérant. Son seuil a été révisé en 2024 : acheter un véhicule très émetteur de CO2, moteur essence ou diesel, devient bien moins séduisant. Les modèles lourds ou puissants, souvent diesel haut de gamme, trinquent particulièrement.
Sur le plan européen, tous les véhicules neufs en circulation doivent aujourd’hui répondre à la norme Euro 6d, fixant des plafonds sur les émissions polluantes. Et le prochain tour de vis, la norme Euro 7, est à l’horizon, synonyme de restrictions accrues. Les motorisations diesel, poussées par ce flot de mesures, diminuent inexorablement sur les catalogues des marques comme sur nos routes.
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Des atouts pour les gros rouleurs
Pour certains profils, le diesel d’occasion reste un choix réfléchi. Ce type de motorisation traverse mieux les kilomètres qu’un modèle essence, à condition de rester rigoureux sur l’entretien (vidanges, filtres, chaînes). Celui qui multiplie les longues distances, notamment sur autoroute, continue d’y trouver un allié économique. Endurance, sobriété carburant : ces arguments gardent une force particulière pour les gros rouleurs ou les professions contraintes à des trajets quotidiens conséquents.
Des prix attractifs… mais une revente délicate
Toutefois, la dépréciation des diesel s’accélère, signe qu’ils séduisent moins sur le marché de l’occasion. Côté acheteur, cela donne accès à des véhicules récents à tarifs cassés. Mais gare à la remise en vente : en centre-ville, la demande faiblit, surtout à cause des interdictions liées à la classification Crit’Air. Les ZFE réduisent le nombre potentiel d’acquéreurs et fige la cote des anciens modèles.
Quelques points à examiner avant de regarder un diesel d’occasion :
- Se renseigner sur la catégorie Crit’Air et sur la date à laquelle le modèle sera concerné par de nouvelles restrictions circulatoires.
- Inspecter l’historique d’entretien : les systèmes récents (FAP, AdBlue, injecteurs) génèrent des frais élevés si mal suivis ou négligés.
- Surveiller l’évolution de la fiscalité : les modalités du malus et des taxes changent vite, cela peut impacter le budget sur plusieurs années.
Un choix raisonné, mais à manier avec précaution
S’orienter vers un diesel d’occasion suppose une bonne dose de lucidité. Anticiper le changement de réglementation fait partie du jeu : tôt ou tard, la valeur à la revente risque de chuter. Mieux vaut réserver ce moteur aux grands trajets, à qui roule plus que la moyenne et à celles et ceux vivant loin des ZFE et ne souhaitant pas revoir leur mode de déplacement du jour au lendemain.
Électrique, hybride, essence… quelles alternatives s’imposent face au diesel ?
Le marché automobile n’a plus le même visage. L’option électrique s’impose dans la feuille de route des constructeurs : pas d’émissions à l’utilisation, moins de taxes, bonus écologique, et des aires de recharge qui essaiment dans les agglomérations. Reste le frein du budget d’achat, de l’autonomie en dehors des grandes villes et du maillage encore incomplet dans certains territoires.
Les motorisations hybrides, simples ou rechargeables, avancent leurs pions pour concilier déplacements urbains en mode électrique et liberté des grands trajets avec du carburant classique. Un compromis apprécié pour son efficacité : consommation modérée, frais d’entretien contenus et accès facilité à la plupart des restrictions urbaines. Les moteurs essence purs, eux, restent bon marché mais génèrent davantage de CO2.
Parmi les alternatives émergent aussi les carburants synthétiques, solutions flexfuel ou bio-diesel. Leur impact reste encore marginal pour le grand public, mais ils intéressent les exploitants de flottes à la recherche de leviers de transition sans bouleversement immédiat. L’industrie automobile européenne accélère l’invention de nouveaux standards pour viser la neutralité carbone.
Pile, moteur thermique ou combinaisons hybrides : à chaque conducteur de poser le curseur selon ses contraintes, ses usages, sa localisation, les aides à l’achat dont il bénéficie. Le champ des possibles s’ouvre, mais la ligne d’arrivée se dessine peu à peu. Le diesel, longtemps incontournable pour qui voulait voir loin et rouler beaucoup, passe petit à petit le relais. Qui écrira le prochain chapitre ? Les paris restent ouverts, mais la voie n’a jamais été aussi dégagée pour ses concurrents.